Rebecca Huxtable : Tisser des liens à travers l'art
By: ArtBank / 20 janvier 2025
Rebecca Huxtable est la gestionnaire de la location d’œuvres de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada, dont la collection comprend au-delà de 17 000 œuvres réalisées par plus de 3 000 artistes contemporains canadiens. Depuis plus d’une décennie, Rebecca travaille à promouvoir l’art canadien ainsi qu’à accroître la visibilité et l’accessibilité de la Banque d’art.
Ayant baigné dans l’art toute sa vie, elle s’est forgé une carrière en communiquant sa passion autant aux adeptes de l’art qu’aux néophytes; elle les accompagne dans leur découverte de tout ce que ce domaine peut offrir en dialoguant avec eux par l’intermédiaire de la collection riche et diversifiée de la Banque d’art.
Des origines créatrices
Rebecca vient d’une famille dont l’obsession pour le beau et le fonctionnel remonte à plusieurs générations. Enfant, elle a passé beaucoup de temps avec son père antiquaire à fouiller parmi des objets aussi variés que des outils agricoles, des armoires et des tapis, à même de reconnaître que chaque article avait une histoire à raconter. Elle était sensible à cette idée puisque sa grand-mère — une collectionneuse et créatrice prolifique d’art textile, dont le tissage, le tricot, la couture et le crochet — avait un sens profond de l’esthétique. En prime, sa grand-mère possédait une boutique à Ottawa appelée The Web, où entre autres choses, elle échangeait ses œuvres avec l’artiste ojibwé Benjamin Chee Chee. Quant à la mère de Rebecca, qui travaillait dans le Nord, elle collectionnait des sculptures sur pierre de savon et des impressions de gravure sur pierre inuites. Il va sans dire que Rebecca baignait dans l’art.
Zinnia Naqvi, The Wanderers – Niagara Falls (1988-2019), impression numérique, 75,6 x 121,3 cm. Collection de la Banque d’art.
C’est ainsi qu’en grandissant, elle s’est intéressée à toutes les manières dont l’art pourrait constituer une fenêtre sur la société. D’ailleurs, l’une des œuvres favorites de Rebecca est The Wanderers – Niagara Falls, de l’artiste torontoise Zinnia Naqvi, tirée de sa série Yours to Discover, qui explore « les idéaux communément acceptés de la culture canadienne », par l’entremise de jeux, photographies et divers autres médias, avec pour toile de fond des attractions touristiques bien connues.
« J’aime l’art qui fait réfléchir aux expériences que vivent les gens, à leur vision du monde et à leur société », explique Rebecca. « J’aime l’art empreint d’humour », ajoute-t-elle en citant North American Indian, l’œuvre de l’artiste Onondaga Jeff Thomas, « surtout s’il confère une touche ludique à un sujet plus sérieux. » Cette pièce fait partie de la série intitulée Indians on Tour, dans laquelle Thomas remet en question les attentes et les stéréotypes au moyen de figurines autochtones en « tournée » dans des sites touristiques non autochtones populaires.
Jeff Thomas, North American Indian (2005), photographie couleur, 85 x 102 cm. Collection de la Banque d’art.
Le fait d’avoir été immergée dans un environnement artistique dès son plus jeune âge a naturellement mené Rebecca à étudier l’histoire de l’art et l’anthropologie à l’Université Carleton. Durant cette période, elle a décroché son premier emploi dans le secteur des arts et de la culture, à la Commission de la capitale nationale. Elle a d’abord été coordonnatrice de projets pour des événements d'envergure essentiels comme la Fête du Canada et le Bal de Neige avant de travailler aux projets d’art public où elle était responsable des expositions extérieures sur l’art et l’histoire des célébrations culturelles.
Pendant les premières années de sa carrière, elle était entourée de l’histoire, des symboles, des récits et de la célébration de la culture locale et nationale, ce qui lui a permis d’approfondir sa compréhension de l’art et de redéfinir son engagement. En 2013, Rebecca s’est lancée dans une nouvelle aventure quand elle a saisi l’occasion de devenir conseillère en arts visuels à la Banque d’art du Conseil des arts du Canada.
Démystifier l’art
Les consultants de la Banque d’art ont pour mission de rendre l’art contemporain canadien, et le processus de location de ses œuvres, accessibles aux lieux de travail ou aux entreprises. Ils sont d’abord des conseillers, mais aussi des facilitateurs et des collaborateurs : ils en savent long sur l’histoire de l’art, sur les beaux-arts, sur les symboles, sur l’esthétique, et même sur des sujets plus pratiques comme l’installation d’œuvres dans des espaces non muséaux, et sur la collection même de la Banque d’art. Mais pour Rebecca, l’aspect le plus gratifiant de son rôle de conseillère en arts visuels est sans contredit le vaste éventail de personnes qu’elle rencontre, avec qui elle collabore, et les personnes qu’elle a l’occasion d’introduire au monde de l’art et à l’art dans le monde.
Rebecca passe en revue une sélection d’œuvres dans les rayons de la Banque d’art.
« C’est un plaisir d’échanger avec la clientèle qui loue des œuvres parce qu’on peut discuter de l’art à différents niveaux de connaissances », dit-elle. « Certaines personnes ont un grand intérêt personnel et une connaissance approfondie en matière d’art; elles font des demandes précises pour des artistes, des styles ou des mouvements. D’autres ont envie d’apprendre et visitent des galeries à l’occasion. » Mais il y a un autre groupe avec lequel il est spécialement gratifiant de travailler : les personnes qui s’adressent à la Banque d’art avec des besoins plus fonctionnels.
« Elles ont besoin d’orner leurs murs. Elles ne savent pas forcément ce qu’elles aiment ou ce dont elles ont besoin, donc les œuvres originales peuvent les intimider. Nous aidons à démystifier le tout, en leur expliquant comment les choses sont faites, l’histoire derrière une œuvre donnée et ce qu’elle peut véhiculer dans le contexte de leur entreprise. Il s’agit d’un puissant moment de transformation d’une personne où l’hésitation cède la place à l’engagement envers l’art. »
Rebecca s’entretient avec un client d’une sélection d’œuvres d’art pour son bureau.
Rendre l’art accessible
Depuis plus de 50 ans, la Banque d’art va à la rencontre des gens dans leur environnement, au travail et dans des contextes inattendus, suscitant des interactions avec l’art dans leur vie quotidienne. PCL Construction et l’Université d’Ottawa ont récemment fait appel à la Banque d’art dans le but d’inclure des œuvres dans leurs espaces et de parler aux personnes qui les visitent au moyen des pièces exposées.
Vous pourriez également avoir envie de raconter l’histoire de votre entreprise par le biais de l’art. Dans ce cas, contactez Rebecca; elle sera ravie de venir vous rencontrer et de contribuer à l’embellissement de vos espaces de travail avec des œuvres d’art contemporain du Canada qui vous interpellent, vous et votre clientèle, créant ainsi des occasions de contacts et d’échange.
« Travailler avec la collection de la Banque d’art est une joie parce qu’elle est si vaste et diversifiée », conclut Rebecca, en reprenant la leçon qu’elle tient de sa tendre enfance soit qu’il y a une histoire en toute chose. « Les artistes ont de nombreuses histoires à raconter, si bien qu’œuvrer auprès de la collection offre une vie entière d’apprentissage. »