1985. Mondes-images, exposition au Centre VOX à l’ère de l’image
By: ArtBank /
28 mars 2025
Le Centre VOX, à Montréal, est un lieu d’expérimentation, de diffusion et de recherche artistiques fondé en 1985, au beau milieu d’une décennie particulièrement marquante dans les pratiques de l’image. Pour fêter son 40e anniversaire, VOX a élaboré une exposition spéciale intitulée 1985. Mondes-images. Cette exposition puise dans la vaste collection d’art contemporain canadien de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada, présentant 25 photographies qui témoignent de tensions politiques, de transformations technologiques et d’une ère dominée par l’image.
La directrice générale et artistique du Centre VOX, Marie J. Jean, fait la lumière sur l’exposition 1985. Mondes-images et sur sa collaboration avec la Banque d’art. Entretien.
Pouvez-vous nous parler un peu de l’histoire de VOX, centre de l’image contemporaine?
VOX est un centre d’artistes dont le passé reste peu connu. Bien qu’il soit aujourd’hui engagé dans la production d’expositions sur des enjeux ciblés et visant à faire avancer les recherches sur les pratiques de l’image, il a été fondé à l’origine par un collectif multidisciplinaire appelé Vox Populi. Militant et résolu à défendre la cause des jeunes et de plus en plus intéressé par la photographie, ce collectif crée la revue Ciel variable.
En 1989, pour célébrer l’invention de la photographie, il organise aussi le premier Mois de la Photo, à Montréal. Son succès est instantané et sept autres seront organisés avant que cette biennale devienne un organisme autonome, devenu MOMENTA.
Alain Chagnon, Sophie Bellissent, Danielle Bérard, Cynthia Poirier, Jean-Marc Ravatel travaillant sur le premier numéro de Ciel Variable. Photo : Marcel Blouin. Vox Populi, 1985.
Quel était son mandat et qu’est-ce qui le distinguait des autres galeries et musées?
Organiser une biennale et éditer une revue ne fait pas encore du collectif un centre d’artistes. Il faudra attendre l’inauguration de la galerie VOX en 1992 pour que l’organisme soit reconnu comme tel. Cet engagement social, qui marque l’histoire de VOX, explique aujourd’hui son travail de proximité avec les artistes, visant aussi à améliorer leurs conditions socioéconomiques.
Le Centre VOX célèbre son 40e anniversaire avec une exposition spéciale intitulée 1985. Mondes-images. Quels thèmes vouliez-vous explorer dans cette exposition?
Pour célébrer cet anniversaire, nous avons choisi de faire un retour sur cette décennie qui a façonné notre histoire. Les années 1980 annoncent l’avènement d’une ère dominée par les images, elle-même marquée par le postmodernisme, les médias de masse, la mode, le design, l’art.
Après 40 ans, force est de reconnaître que ces images possèdent une véritable portée politique. Elles n’illustrent pas simplement des tendances visuelles; elles affectent nos perceptions et nos pensées, agissant comme des catalyseurs dans la transformation sociale de notre monde. Nous avons voulu réunir à cette occasion des œuvres et des référents visuels emblématiques de la période.
La publication à venir examinera quant à elle l’impact durable des années 1980 sur le monde actuel, en abordant les tensions politiques, la récession économique, les enjeux écologiques, l’écosystème artistique, les transformations technologiques, ainsi que les revendications des artistes, des féministes et des premiers peuples, sans oublier l’épidémie mondiale du sida.
Vous avez intégré 25 œuvres d’art de la collection de la Banque d’art dans l’exposition. Quel a été le processus de sélection de ces œuvres d’art?
Il s’agit d’œuvres photographiques produites par des artistes ayant travaillé au Québec dans les années 1980. Leur sélection repose sur un essai expérimental rédigé en 1992 par Yvon Lemay, archiviste, qui se caractérise par la compilation de diverses citations portant sur les enjeux du politique dans les pratiques photographiques, toutes extraites de textes publiés dans une vingtaine de périodiques québécois entre 1980 et 1989.
Pourquoi vouliez-vous qu’elles fassent partie de l’exposition?
Réappropriation et déconstruction, performativité et textualité, politique du visible et de l’écran, féminisme et idéologie sont autant de thèmes qui ont exploré le potentiel critique de la photographie, analysé et exposé par bon nombre d’auteures et d’auteurs au cours de cette décennie.
Qu’est-ce que l’accès à la collection de la Banque d’art signifie pour votre organisme?
La recherche sur ces pratiques m’a rapidement conduit vers la collection de la Banque d’art, qui possède des trésors des années 1980! Ces œuvres, choisies pour l’exposition, sont non seulement représentatives de cette époque, mais conservent pour la plupart l’encadrement fidèle au style des années 1980.
Dominique Blain, Earthlings (1985)
Lynne Cohen, War Game (1988)
Claude-Philippe Benoit, Sans titre, de « L’envers de l’écran » / Untitled, from “L’envers de l’écran” (1984)
Faire valoir l’art d’ici
L’exposition 1985. Mondes-images est présentée au Centre Vox du 28 mars au 21 juin 2025. Venez voir en grand nombre les œuvres fascinantes tirées de la collection de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada. La collection compte plus de 17 000 œuvres réalisées par plus de 3 000 artistes du Canada. Il s’agit de la plus grande collection d’art contemporain canadien au monde, composée de peintures, de sculptures, de dessins, de photographies et d’estampes.
La Banque d’art est toujours ravie de collaborer avec des commissaires et de les appuyer dans leur travail de conception d’expositions. Comme commissaire, vous pouvez communiquer avec nous en tout temps pour avoir accès à la collection de la Banque d’art et à des conseils aussi pratiques que créatifs.

À propos de la commissaire : Marie J. Jean
Marie J. Jean est directrice générale et artistique de VOX en plus d’être professeure associée en histoire de l’art. Elle se consacre depuis une trentaine d’années à la recherche portant sur les pratiques de l’image et de l’exposition. Elle a réalisé un doctorat à l’Université McGill portant sur une histoire alternative des expositions d’artistes. Depuis le milieu des années 1990, elle a organisé plus de 200 expositions, lesquelles lui ont valu en 2013 le Prix de la Fondation Hnatyshyn soulignant l’excellence de sa pratique curatoriale. Photo : Klaus Scherübel