Collectivité : Pratiques de collecte et coperformances à la Banque d’art
By: ArtBank / 05 mai 2022La Banque d’art est heureuse de participer virtuellement au 20e anniversaire des Portes ouvertes Ottawa! Cette année, nous avons demandé à notre équipe de nous faire part de leurs réflexions sur leur œuvre préférée de la collection. Lisez notre blogue et suivez le fil #PortesOuvertesBanquedArt les 4 et 5 juin pour en savoir plus sur la coperformance et la collection
L’exposition thématique créée pour les Portes ouvertes Ottawa 2022 comprend des œuvres d’art sélectionnées par l'équipe qui travaille dans les coulisses de la Banque d’art.
Nous avons demandé à l'équipe de nous faire part de leurs réflexions sur leur œuvre préférée de la collection de la Banque d’art. Cette sélection met en valeur une diversité de sujets et de pensées et révèle l’importance de nos interactions avec les œuvres, tout comme la façon dont ces interactions apportent un sens nouveau aux œuvres.
La coperformance est un concept selon lequel l’acte d’observer une œuvre d’art constitue une performance entre l’œuvre et celui qui la regarde.
La collection de la Banque d’art provoque des réflexions et expose le public canadien et étranger à de l’art contemporain avant-gardiste du Canada. En retour, les œuvres acquièrent un sens nouveau grâce à l’interaction du public avec elles, ce qui permet de développer de nouvelles compréhensions et d’élargir le savoir. Ce sens nouveau peut relever des réponses émotionnelles, comme le surgissement de souvenirs provoqués par une palette de couleurs, du lien qu’inspire une œuvre entre le message politique qu’elle porte et nos propres objectifs de carrière ou de la pure jouissance esthétique.
Ce sont les pratiques de collecte de la Banque d’art qui rendent possible la coperformance entre le public et l’extraordinaire sélection d’œuvres canadiennes. En effet, le processus d’acquisition de la Banque d’art est unique. Contrairement à d’autres galeries et musées, la sélection de nouvelles œuvres n’est pas uniquement le fait de spécialistes, de conservateurs ou d’historiens de l’art, mais aussi de comités d’évaluation par les pairs composés de représentants de tous les pays. De plus, les comités changent à chaque nouvel appel d’acquisition d’œuvres. Ce processus fait croître la collection, laquelle compte déjà plus de 17 000 œuvres affichant une diversité de médiums, de contenus et de représentations, ce qui permet à la collection de toucher un nouveau public et aux Canadiens de tous les horizons de s’y reconnaître.
Fondée en 1972, la Banque d’art a maintenant 50 ans. Voilà donc un demi-siècle qu’elle aide des artistes contemporains du Canada et qu’elle donne accès au public à des œuvres d’art importantes et originales. Partie intégrante de la capacité de la Banque d’art à remplir le mandat du Conseil des arts du Canada consistant à favoriser et promouvoir l’étude et la diffusion des arts ainsi que la production d’œuvres d’art, notre personnel forme l’un des acteurs de la coperformance provoquée par les œuvres de la Banque d’art pendant leur cycle de vie.
Vous trouverez ci-dessous une partie des œuvres choisies par nos collègues. Pour voir l’ensemble des œuvres sélectionnées, consultez notre Collection en vedette ou suivez notre programme virtuel pour les Portes ouvertes Ottawa les 4 et 5 juin sur Facebook ou Instagram #PortesOuvertesBanquedArt
Selective History, 2012, Sonny R. L. Assu
Sur une affiche de carnaval, l’artiste de Selective History cite les propos perturbants du tristement célèbre ministre des Affaires indiennes, Duncan Campbell Scott : « Je veux me débarrasser du problème indien ». « Chaque fois que je regarde cette œuvre et que je lis le texte, ce que je fais souvent parce qu’elle est dans mon bureau, je me sens fière de la manière dont nous soutenons les artistes autochtones à la Banque d’art », explique Amy Jenkins, dont cette œuvre fut le premier achat en tant que chef de la Banque d’art.
This is the fountain you’ve been looking for all your life complete with mosquito bites, 1974, Victor Cicansky
Exploration de l’imagerie des prairies que l’on retrouve dans beaucoup des œuvres de Victor Cicansky, cette sculpture amusante est un mélange éclectique de nature, de personnages, de décoration d’intérieur et de machinerie. « Il y a toujours quelque chose de nouveau à voir quand on la regarde sous un autre angle ou quand on relit le titre, affirme Martha Young, coordonnatrice des opérations et du marketing. Pour cette œuvre en particulier, j’étais très amusée d’apprendre qu’elle pouvait servir de fontaine et que l’artiste, qui a manifestement un grand sens de l’humour, a fait couler du vin mousseux Baby Duck dans certaines de ses fontaines en céramique lors d'événements. Il y a tellement de bonnes anecdotes sur les œuvres de la collection de la Banque d’art. »
Bandages, 2018, Winnie Truong
Intéressée par la distorsion de la beauté, Winnie Truong la représente par les plis délicats de ce qui ressemble à des cheveux mêlés de fleurs. Cette œuvre s’inscrit dans sa série Perennials de 2018. Pour notre technicien Steve Allen, « la manière dont Winnie Truong tisse des végétaux dans ses œuvres à l’aide de lignes délicates et volontairement fines donne à son travail une dimension et une profondeur incroyables. Cette œuvre en particulier me donne le sentiment d’être protégé, emmitouflé et bien au chaud. Elle me fait sourire chaque fois que je la regarde en faisant mon travail de technicien, avec habituellement un bandage ou deux sur la main ou le bras… »
My Way: Light Through Responsive Mind no 10, 2007, Fatima Garzan
L’œuvre de Fatima Garzan se concentre sur le thème de « la joie d’être dans un continuel présent » et sur le processus de composition picturale. « Cette œuvre monumentale m’a tout de suite frappé quand j’ai visité l’espace d’entreposage de la Banque d’art pour la première fois, confie Isabelle Chartier, conseillère en arts visuels. Nos yeux cherchent des points de référence au milieu des lignes tressées et des mouvements circulaires de la peinture. La contemplation de cette œuvre me plonge dans une sorte de méditation. »
World Map Project: Equal Countries A-Z, 2006, Antonia Hirsch
L’artiste interdisciplinaire Antonia Hirsch présente le monde sous un jour nouveau. Rebecca Huxtable, gestionnaire des locations d’œuvres d’art, explique : « J’ai toujours été attirée par les cartes; par leurs aspects géographique et politique et par la manière dont ces deux aspects se nourrissent l’un l’autre et nous nourrissent dans le temps et l’espace… En nous montrant simultanément tous les pays du monde occupant le même espace relatif, dans l’ordre alphabétique, l’œuvre sert de critique et offre la vision optimiste d’un monde où tous les pays sont égaux. »
La Poudrerie, 1988, Marcelle Ferron
Membre des Automatistes, Marcelle Ferron s’intéressait à l’automatisme et à l’abstraction picturale, des aspects qui se reflètent dans son travail. Le technicien Richard Silva remarque : « Dans La Poudrerie, Marcelle Ferron crée une tempête de mouvements au flux apparemment ininterrompu. Il existe une grande tension entre les couleurs dominantes, comme si chacune essayait de dévorer l’autre. Pour moi, cette œuvre évoque des émotions et des souvenirs enfouis, presque subconscients – un élément qui revient dans beaucoup de mes œuvres abstraites préférées. »
À propos de l'auteure : Jessica Endress
Chercheuse à Ottawa et assistante à l’enseignement, Jessica Endress finit actuellement sa maîtrise en art et histoire de l’art à l’Université Carleton, sur le territoire non cédé de la Nation algonquine anishinaabe. Elle s’intéresse particulièrement aux pratiques artistiques féministes et aux représentations du corps de la femme. Sa recherche actuelle explore le corps athlétique dans Femme sous un arbre de Prudence Heward (1931). Jessica est commissaire-invitée de l’exposition thématique de la Banque d’art pour Portes ouvertes Ottawa 2022, une expérience qui lui servira de stage en vue de l’obtention de sa maîtrise.