Faire connaître la collection : 50 ans d’expositions
Les bureaux du Conseil des arts du Canada, situés au 150, rue Elgin, sont à distance de marche de l’Hôtel de Ville d’Ottawa et de la Colline du Parlement. À moins de travailler dans l’immeuble, cependant, il ne vous viendra peut-être pas à l’esprit de le visiter. Or, s’il vous arrive de vous y aventurer, vous découvrirez avec surprise que le rez-de-chaussée des bureaux du Conseil des arts abrite un espace d’exposition appelé Âjagemô. Ses expositions, qui sont gratuites et ouvertes au public, sont organisées par l’équipe de la Banque d’art.
Prêts aux galeries et musées canadiens : les débuts de la Banque d’art
Même si la Banque d’art a vu le jour il y a 50 ans, elle n’a pas toujours disposé d’un espace pour la tenue d’expositions. Créée en 1972, la Banque d’art s’est rapidement taillé une place comme chef de file du domaine de l’art contemporain canadien. Son programme de prêts lui a aussi valu une réputation favorable à l’échelle du pays. Dans les années 1970, les collections permanentes d’art contemporain canadien des galeries et des musées du pays n’en étaient qu’à leurs débuts. En revanche, dès 1978, la Banque d’art avait accumulé près de 8 000 œuvres canadiennes achetées auprès d’artistes toujours vivants. Cette position unique lui a permis de soutenir nombre d’expositions tenues dans des lieux publics. La Banque d’art a commencé à louer ses œuvres à un éventail de galeries et de musées souhaitant les exposer, ce qu’elle fait encore aujourd’hui.
Au fil du temps, la collection a évolué, reflétant les changements qui s’opéraient dans le milieu de l’art contemporain au Canada. Elle est devenue plus diversifiée, tout comme les canaux qu’employait la Banque d’art pour joindre la population canadienne, dont des partenariats externes lui permettant de coorganiser des expositions dans une multitude d’espaces.
Ainsi, la collection de la Banque d’art a voyagé au-delà des murs des musées, des galeries et des espaces de travail. Elle a pu pénétrer des lieux comme l’ambassade canadienne à Washington et Rideau Hall, à Ottawa.
La Banque d’art a cocréé Diaspor’Art, une exposition d’œuvres nouvellement acquises auprès d’artistes racisées et racisés présentée à Rideau Hall. La très honorable Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada, et l’artiste Tim Whiten discutent des œuvres de ce dernier lors de l’exposition.
Chez elle à Âjagemô
En 2014, le Conseil s’est installé au 150, rue Elgin, ce qui a marqué le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de la Banque d’art qui a reçu le mandat de mettre sur pied un espace d’exposition appelé Âjagemô.
Le nom Âjagemô, qui signifie « croisée des chemins » en anishinaabemowin, a été offert au Conseil des arts par un Aîné algonquin. L’espace d’exposition est devenu non seulement une vitrine sur la dynamique scène artistique canadienne, mais également un lieu où les idées et les points de vue divers peuvent se rencontrer. L’art bâtit des ponts et favorise la création d’une communauté. Âjagemô s’est vite retrouvé au cœur de cette mission.
Dans cet espace, la Banque d’art travaille régulièrement avec des commissaires pour organiser des expositions racontant des histoires qui cadrent avec la mission et les valeurs du Conseil. Ces expositions attirent l’attention sur des enjeux mondiaux tels que les changements climatiques, soutiennent la souveraineté culturelle autochtone et font preuve d’inclusion.
Les visiteuses et les visiteurs peuvent interagir avec soft touch, une œuvre tactile présentée dans le cadre d’Identités façonnées de Persimmon Blackbridge, une exposition tenue à Âjagemô en 2018.
Révolutions temporelles, présentée à Âjagemô en 2015-2016, explorait les façons dont les traditions autochtones ainsi que les conteuses, conteurs et artistes de ces communautés chamboulent et remettent en question les perceptions occidentales du temps, c’est-à-dire comme un déroulement linéaire et progressif d’événements. Âjagemô abrite ces récits et les conversations qu’elles provoquent.
Regarder le monde en face
La Banque d’art est une collection nationale, destinée à l’ensemble de la population canadienne. Regarder le monde en face vise à représenter le Canada d’aujourd’hui. L’exposition comprend 39 œuvres d’artistes autochtones ou racisées et racisés. « Dans les années 1970, la Banque d’art se distinguait par ses efforts pour collectionner des œuvres d’art autochtones. En effet, de nombreuses institutions n’y portaient pas encore attention, explique Amin Alsaden, commissaire de l’exposition. Dès l’entrée dans l’espace d’exposition, on découvre nombre de visages que le monde artistique n’a pas encore beaucoup tendance à montrer. »
Cécilia Bracmort devant son œuvre, Peau nature morte, sans titre III (2020), présentée dans l’exposition Regarder le monde en face.
Regarder le monde en face plonge son public dans une multitude de représentations du soi et de la communauté. « Cette exposition avait pour but d’examiner les visages du Canada, et le regard que ceux-ci lui retournent est des plus surprenants. L’exposition a révélé des artistes qui, audacieusement, cherchent une visibilité, des artistes qui dévoilent également les visages de leur communauté et, ce faisant, nous amènent involontairement à regarder le monde en face », affirme Alsaden.
Des membres du public examinant une œuvre de Sunil Gupta dans le cadre de l’exposition.
Visitez Âjagemô
La prochaine fois que vous vous baladez sur la rue Elgin, venez découvrir l’exposition Regarder le monde en face. Elle a récemment été prolongée jusqu’au 22 mai 2023 afin que plus de gens puissent la parcourir en personne.
Si vous habitez loin d’Ottawa, des visites vidéo de certaines expositions sont disponibles en ligne. Apprenez-en plus sur les expositions antérieures, en cours et futures en visitant la page de l’Espace d’exposition Âjagemô.