Manipuler avec soin : conversation avec l’encadreur et les techniciens internes de la Banque d’art
By: ArtBank / 15 mars 2021Nous avons voulu mettre à l’honneur le personnel de la Banque d’art afin de souligner des décennies de loyaux services et de savoir-faire. Nous nous sommes donc entretenus avec les techniciens Steven Allen, Dereck Bosley et Luc Raymond ainsi qu’avec l’encadreur Americo Giamberardino au sujet de leurs liens avec la Banque d’art et des défis auxquels ils sont confrontés dans le cadre de leur travail.
Formation et initiation à la Banque d’art
Pour en savoir plus sur leurs antécédents, nous avons demandé à Steven, Dereck, Luc et Americo comment ils étaient devenus techniciens et à quel moment ils avaient entendu parler de la Banque d’art pour la première fois.
Steven nous a dit que son partenaire avait une galerie d’art privée, où il travaillait comme assistant. « Je m’occupais de tout : les installations, l’encadrement, l’emballage et la manipulation des œuvres d’art pour les expositions », explique-t-il. « Par la suite, j’ai commencé à travailler comme assistant de studio pour l’artiste Jennifer Dickson, RA. Je l’aidais avec ses œuvres sur papier et ses photos. C’est là que j’ai appris que la Banque d’art avait besoin de services techniques. »
Steven assemble délicatement l’œuvre Artists’ Colony (1987–1989) de Kim Adams.
Lorsqu’il était étudiant en arts visuels à l’Université d’Ottawa, Dereck aidait les centres d’artistes autogérés à monter leurs expositions. C’est ainsi qu’il a croisé la route du gestionnaire du programme d’art public de la Ville d’Ottawa, qui a retenu ses services comme installateur pigiste. « Pendant que je travaillais à la Ville, j’ai tissé des liens avec la Banque d’art », raconte-t-il. « C’est comme ça que j’ai connu le personnel et le travail de la Banque. » On connaît la suite!
Dereck dirige une équipe de techniciens qui déroulent une grande toile.
Après avoir terminé ses études en beaux-arts à Montréal, Luc a été sculpteur sur pierre pendant environ cinq ans. Dans le cadre de son travail, il devait déplacer de lourdes et imposantes sculptures pour des gens qui ne savaient pas comment le faire ou qui n’en avaient pas les moyens. « Un jour, on m’a demandé de livrer et d’installer une sculpture à la Banque d’art : c’est là que j’en ai entendu parler pour la première fois. Quelques années plus tard, j’ai postulé à un emploi là-bas. Et je suis là depuis 17 ans. »
Luc prépare quelques œuvres dans l’entrepôt de la Banque d’art.
C’est par un concours de circonstances qu’Americo est devenu encadreur. Il a acheté l’atelier d’encadrement d’une connaissance, de qui il a reçu la majorité de sa formation. « Après qu’un incendie m’a malheureusement obligé à fermer mon commerce, je suis allé ailleurs. À ce moment, l’homme qui m’avait vendu la franchise travaillait à la Banque d’art et avait besoin d’aide, donc j’ai obtenu un contrat. »
Americo encadre une photographie de l’artiste Edward Burtynsky dans l’atelier d’encadrement de la Banque d’art.
Plusieurs rôles à jouer
Lorsqu’on leur demande quelles sont, selon eux, les compétences idéales à détenir dans leur domaine, les quatre hommes répondent à l’unanimité qu’un technicien ou un encadreur devrait être à l’aise avec le travail manuel. Il est aussi important d’avoir un bon œil et une excellente perception spatiale, puisque les techniciens sont souvent appelés à transporter des objets dans des espaces étroits ou dans des entrepôts contenant déjà de nombreuses œuvres d’art. Ils doivent aussi faire appel à des compétences attendues de travailleurs de la construction, de déménageurs à grande échelle, de chirurgiens adroits et d’artisans – et ce, dans une même journée! Il est primordial d’être capable de travailler en équipe de manière efficace et sécuritaire dans ces situations. Peu importe le bagage de la personne, elle perfectionnera ses compétences en cours d’emploi jusqu’à ce que ses moindres gestes se fassent de façon instinctive et intuitive.
Défis et résolutions de problèmes
Nous avons demandé à Steven, Dereck, Luc et Americo si des installations ou des projets d’encadrement leur avaient donné du fil à retordre, et s’ils avaient déjà dû user de créativité pour trouver une solution.
Steven nous a raconté qu’il avait déjà eu à installer un tableau faisant 3,6 m sur 4,5 m dans un espace très restreint dans un couloir. « Le processus était un ballet complexe qui demandait beaucoup de réflexion. C’est dans ces moments-là que la confiance envers les autres techniciens prend toute son importance. Il faut pouvoir compter sur eux, surtout lorsque la sécurité entre en jeu. »
Quant à l’encadrement, Americo nous a parlé du contrat qu’il a réalisé pour R•Évolutions, l’exposition de la Maison des JUNO présentée dans l’espace Âjagemô du Conseil des arts du Canada. « Le dossier évoluait tous les jours, donc il y avait toujours des modifications à faire. J’ai finalement demandé à ce que toutes les œuvres soient placées devant moi, pour que je puisse les regarder et voir exactement quels cadres je devais commander ou quels supports je devais changer. C’était toute une entreprise », se souvient-il.
S’unir pour réussir
La relation entre nos conseillers en arts visuels, leurs assistants, les techniciens et l’encadreur s’est approfondie au cours des nombreuses années durant lesquelles ils ont installé des œuvres d’art ensemble. Motivés par un objectif commun – celui de satisfaire leurs clients – les membres de l’équipe n’hésitent pas à se partager les tâches. Puisqu’ils connaissent très bien la collection de la Banque d’art, les techniciens peuvent aussi faire des suggestions aux conseillers; d’ailleurs, ils organisent souvent le contenu sur les étagères de l’entrepôt de façon à le rendre bien visible pour faciliter les présélections.
L’aspect le plus gratifiant
Bien que les réponses varient lorsqu’on demande aux quatre experts quel a été l’aspect le plus gratifiant de leur carrière, il ressort un thème général : le sentiment d’accomplissement. Tous sont fiers d’aider les clients à intégrer l’art dans leur quotidien. Le fait d’avoir été témoin de ces contacts importants est ce qui inspire nos techniciens et notre encadreur à continuer à promouvoir les services de la Banque d’art. De plus, comme ils sont eux-mêmes amateurs et créateurs d’art, ils sont ravis de voir la collection évoluer au fil des cycles de location et d’acquisition, et ils chérissent les moments où ils peuvent donner un petit coup de pouce aux artistes émergents en fixant leur nom sur une plaque.
Si vous souhaitez installer des œuvres provenant de la Banque d’art dans votre lieu de travail, écrivez à bda@conseildesarts.ca. Steven, Dereck, Luc et Americo se feront un plaisir de l’installer!

À propos de l'auteure: Eleanore Mackie
Eleanore Mackie est une ancienne stagiaire de Jeunesse Canada au travail qui a travaillé à la Banque d’art durant l’été 2019 en partenariat avec l'Inuit Art Foundation. Titulaire d'une maîtrise en histoire de l’art de l’Université Queen’s, elle a à cœur la création de contenus numériques accessibles, inclusifs et amusants pour les organismes artistiques.