Des liens avec le Nord : à la découverte de la collection d’art inuit de la Banque d’art
By: ArtBank / 06 septembre 2019
Eleanore Mackie à la Banque d'art
Cet été, j’ai travaillé à la Banque d’art du Conseil des arts du Canada à titre d’agente de recherches biographiques et d’archives sur les artistes inuits pour la revue Inuit Art Quarterly (IAQ). Ce poste a été créé par l’Inuit Art Foundation en partenariat avec la Banque d’art, dans le cadre de Jeunesse Canada au travail.
C’est non seulement l’envie de perfectionner mes compétences en rédaction et en recherche qui m’a poussée à postuler, mais aussi le désir de mieux comprendre les pratiques artistiques contemporaines au Canada. Bien que je sois originaire d’ici, mes études à la maîtrise en histoire de l’art médiéval, à l’Université Queen’s, ont surtout porté sur des œuvres étrangères d’une autre époque. J’ai donc profité à plein des personnes-ressources et des archives de la Banque d’art pour renforcer mon lien avec ce qui se fait au Canada. Et aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous parler de mon expérience.
Parmis les nombreuses tâches qui m’ont été assignées cet été, celle que j’ai préférée a été la rédaction de biographies d’artistes. Ces textes, publiés en ligne dans les profils de l’IAQ, prennent la forme d’éditoriaux et de longs curriculum vitae, et sont destinés autant aux artistes qu’aux chercheurs. On y trouve un survol de la carrière et des pratiques d’artistes d’hier et d’aujourd’hui venant des quatre régions de l’Inuit Nunangat, et aussi du Sud. Chaque profil comprend également :
- une liste des expositions de l’artiste;
- les lieux où les œuvres de l’artiste sont actuellement entreposées ou exposées;
- une liste de publications faisant mention du travail de l’artiste (ses influences, ses réalisations, etc.).
En rédigeant ces biographies, je me suis mise à discerner des liens familiaux, à voir toute l’ampleur des pratiques artistiques de la région arctique et à me forger une profonde admiration pour l’incroyable talent dont les artistes inuits font profiter les publics du Canada et d’ailleurs.
C’est avec la communauté inuite que j’ai vécu des expériences parmi les plus mémorables de mon passage à la Banque d’art. Par exemple, j’ai eu la chance d’assister à un spectacle de kattajjaq (chant de gorge) et de danse du tambour traditionnels lors d’un vernissage à la salle Âjagemô. J’ai aussi rencontré l’artiste inuite ottavienne Gayle Kabloona à l’atelier de révision de l’IAQ, où elle m’a parlé du riche héritage artistique de sa famille. Ce fut un plaisir de contempler avec elle les œuvres encensées de sa grand-mère, Victoria Mamnguksualuq (1930-2016), et de son arrière-grand-mère, Jessie Oonark, OC, ARC (1906-1985), tout en l’écoutant parler de leurs pratiques.
Enfin, au fil de mes fouilles dans les nombreux dossiers d’artistes et de mes expéditions parmi une multitude d’étagères et de piédestaux de la Banque d’art, j’ai compilé une liste de mes œuvres d’art préférées, que je vous invite à explorer. J’espère que vous vous amuserez autant que moi à les découvrir par le biais des profils que j’ai eu le plaisir de rédiger.
Voir les coups de cœur d'Eleanore de la collection d’art inuit de la Banque d’art
Présentation des artistes et liens vers leur profil
Shuvinai Ashoona, ARC, est une graphiste de Kinngait (Cape Dorset), au Nunavut. Ses œuvres ont pu être admirées ici et à l’étranger lors d’événements comme la Biennale de Sydney All Our Relations (2012) et d’expositions comme Oh, Canada à Mass MoCA (2012). Ses dessins sont actuellement en vedette dans l’exposition itinérante ᓲᕕᓇᐃ ᐊᓲᓇ: ᓄᓇᙳᐊᓕᐅᕐᓂᖅ ᓄᓇᕐᔪᐊᙳᐊᓂᒃ (Shuvinai Ashoona: Mapping Worlds).
Kingmeata Etidlooie (1915-1989) était une graphiste et sculpteuse de Kimmirut, au Nunavut. Après s’être établie à Kinngait (Cape Dorset) au milieu des années 1960, elle a produit un grand nombre d’estampes, de dessins et de peintures étonnantes. Elle fut l’une des premières à travailler dans les installations de Kinngait Studios, où elle a peaufiné son moyen d’expression jusqu’à établir un style qui lui est unique.
Annie Pootoogook (1969-2016) était une graphiste de renom. Originaire de Kinngait, elle fut reconnue pour son regard inébranlable sur la vie contemporaine dans le Nord. En 2006, après une importante exposition en solo à The Power Plant, à Toronto, elle a reçu le prestigieux Prix Sobey pour les arts.
Saila Kipanek est un sculpteur d’Iqaluit. Descendant d’une famille d’artistes réputés, il a lui-même fini par connaître du succès avec son art. Après avoir reçu deux subventions du Conseil des arts du Canada, il a produit une série de sculptures sur le thème des liens fragiles qui unissent les Inuits à la terre, aux légendes traditionnelles et à la chasse.
Alootook Ipellie (1957-2007), illustrateur de talent et auteur prolifique, se servait de son art pour mettre en valeur la culture inuite et aborder les problèmes auxquels font face les communautés de l’Arctique contemporaines. Né à Nuvuqquq (île de Baffin), au Nunavut, il s’est établi plus tard à Ottawa. De son intérêt pour la bande dessinée est né un style prononcé à partir duquel il a créé une imagerie hautement transformatrice ancrée dans les récits inuits.
Isaaci Etidloie (1972-2014) était un sculpteur de Kinngait. Très jeune, muni de ses premiers outils, il a mis en scène des personnages posant des gestes quotidiens du mode de vie nomade des Inuits. Quant à ses dernières œuvres, elles comprenaient souvent un élément interactif et portaient sur des thèmes qui s’exprimaient par la chanson, comme la danse du tambour, les récits surnaturels et les transformations spirituelles élaborées.

À propos de l'auteure: Eleanore Mackie
Eleanore Mackie est rédactrice et chercheuse universitaire. Elle habite actuellement à Ottawa et étudie à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université Queen’s, où ses travaux portent sur l’exposition de reliques dans les lieux sacrés anglo-saxons. Pendant l’été 2019, elle a été invitée par l’Inuit Art Foundation à travailler à la collection d’art inuit de la Banque d’art, dans un poste financé par Jeunesse Canada au travail.