Fait/Maison : réinventer le quotidien
By: ArtBank / 28 mai 2019À l’occasion de Portes ouvertes Ottawa 2019, la Banque d’art du Conseil des arts du Canada présentera une exposition thématique intitulée Fait/Maison. Les œuvres exploreront les représentations du chez-soi comme lieu de création et des tâches ménagères comme travail créatif. Bon nombre des œuvres sont faites à partir d’objets familiers qu’on trouve à la maison, et non de matériaux artistiques traditionnels; elles réinventent ces objets et se les réapproprient de façons nouvelles et surprenantes. En trouvant des usages inattendus et créatifs à des articles ménagers, les artistes s’interrogent sur le monde qui les entoure et nous invitent à voir notre quotidien d’un nouvel œil. Vous trouverez ci-dessous certains de nos coups de cœur.
Millie Chen, Well-Being (1994), installation : poêlons en fonte.
Dans cette installation sculpturale, l’artiste a utilisé du sel, de l’huile et de l’oxyde de fer pour graver des images anatomiques sur des poêles en fonte. Elle met ainsi en valeur les connaissances scientifiques et biologiques qui entrent en compte lorsque l’on cuisine, un savoir passant souvent inaperçu, même si partout dans le monde, on prépare des mets à la maison.
Janice Flood Turner, Flatwork #10, #11, #12 (1978), bas-culottes de nylon sur carton à dessin.
Ces œuvres de Janice Flood Turner sur carton trompent l’œil : de loin, on dirait des dessins de torses et de jambes, mais de près, on constate que les images sont plutôt formées de bas-culottes fixés sur du carton. En surprenant ainsi l’observateur, l’artiste souligne le fait que nos corps donnent forme aux vêtements, et vice-versa. Elle met aussi en valeur le potentiel créatif des matériaux que l’on voit, que l’on utilise et que l’on porte.
Shié Kasai, Détail de Survival Japanese Cooking (2008), photographie couleur.
Dans cette série de photographies couleur, Shié Kasai fusionne les cuisines canadienne et japonaise : un beigne de riz dans une boîte de Tim Hortons, des hot-dogs enveloppés comme des sushis, des nigiris surmontés de bleuets frais plutôt que de poisson, et ainsi de suite. Cette fusion culinaire colorée nous invite à repenser nos idées reçues sur l’authenticité et les échanges interculturels. Comment adaptons-nous les différentes formes d’expressions culturelles au fil de nos voyages? Et comment faisons-nous pour nous sentir chez nous en terre étrangère?
Maskull Lasserre, Industrial Fairytale (2006), outils, matériaux mixtes.
Ces outils à main modifiés par l’artiste rappellent le « ready-made » de Marcel Duchamp : des œuvres composées d’objets ordinaires subtilement modifiés pour devenir moins fonctionnels ou adopter une fonction différente, ou encore carrément transformés en objets nouveaux. Cette installation invite l’observateur à se demander ce qui est de l’art et ce qui est un outil. Un objet peut-il être les deux à la fois?
Ruth Scheuing, Metamorphoses VIII (Swallow) de la série Anatomy of a Suit / Geometry of the Body (1993), complet en laine.
En décousant un complet en laine pour révéler les formes bidimensionnelles qui le composent, Ruth Scheuing expose les connaissances mathématiques, géométriques et anatomiques nécessaires à la confection de vêtements. On peut aussi y voir un portrait abstrait, puisque les formes épousent les mensurations uniques d’une personne.
Amanda Schoppel, Teddy Bear (2003), bandes élastiques.
L’ourson d’Amanda Schoppel n’est pas fait de molleton ou de coton doux, mais bien de bandes élastiques rugueuses attachées ensemble; sa texture est donc à la fois attirante et repoussante.
Karen Tam, The Siege of Jingxin Pharmaceutical (After Rotterdam) (2005), sac de riz, fil à broder.
Cette œuvre de Karen Tam fait référence à une manifestation d’agriculteurs chinois contre les pratiques polluantes de la société Jingxin Pharmaceutical Company, qui a été forcée de fermer. Le sac de riz brodé attire l’attention sur les conséquences globales de notre alimentation quotidienne.
À propos de l’auteure : Pansee Atta
Pansee Atta est une artiste, chercheuse et commissaire d’exposition basée à Ottawa. Elle s’intéresse surtout à la façon dont les communautés racialisées et colonisées se représentent elles-mêmes dans les institutions culturelles, ainsi qu’au rôle de l’art et des artefacts dans les conflits populaires. Elle prépare un doctorat en médiations culturelles et un diplôme en conservation à l’Université Carleton, sur le territoire non cédé de la Nation algonquine. Elle est commissaire-invitée de l’exposition thématique de la Banque d’art pour Portes ouvertes Ottawa 2019, une expérience qui lui servira de stage pour ses études en conservation